Complainte à Rolihlahla

Complainte à Rolihlahla

« Mais aussi longue qu’a été ta marche nous enjamberons les brasiers de notre temps pour faire ensemble cette Humanité… »

Fils de l’aurore
Fils des brumes des savanes
Fils des rayons d’or sur les plaines
Fils du vent qui chante dans la forêt
Fils du fleuve qui parcourt les entailles de la terre
Fils des rosées

Ubuntu tu criais ! Ubuntu tu clamais ! Ubuntu tu chantais !

Ton peuple pourtant en souffrance
Ton œil couvait les horizons des hommes
Faisant pénitence à la place du bourreau
Tes os vieillissant au fil des jours
De tes vaillants coups de pioche
Quand patiemment tu brisais la roche
Forgeant sous l’œil du soleil
Le métal de ta clémence
Convoquant des rosées en continu
Sur les couleurs de notre hémoglobine

Ubuntu tu criais ! Ubuntu tu clamais ! Ubuntu tu chantais !

Toi qui rêvais d’arcs-en-ciel Versant l’aurore des nations
Dans le fleuve mourant de l’humanité
Pour lui rendre le chatoyant éclat
De ses mille et une couleurs
Dans la sagesse fleurissante de tes cheveux
Blanchissant le sang de notre œil
Tu ouvris pourtant nos pupilles
Sur les sillons de l’humanité

Ubuntu tu criais ! Ubuntu tu clamais ! Ubuntu tu chantais !

Mais à présent vois sur ces terres
Où tu inséminais les germes de notre indulgence,
L’humain partir en fumée dans la désolation des hommes
La rage de ton peuple supplicier la chair de ton peuple
Le sang des tiens écarté des matinées de rosées
Spectre rejeté aux frontières pourpres de ton arc-en-ciel
Et le ciel que tu chantais est bien sombre
Et l’horizon que tu couvais est un lointain mirage
Et ton sacrifice profané dans le berceau même de l’humanité
Et Ubuntu dans cette sanglante hémorragie
Est une aurore trouble dans le fleuve de notre Humanité.

C.I. « Le poète au bord du fleuve »

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