Lettre à Pierre Claver Akendengue : pour apologie de la liberté.

Lettre à Pierre Claver Akendengue : pour apologie de la liberté.

 

Mes hommages Monsieur,

Vous être soumis à la continuité de la vie et la complexification de l’homme vivant, je vous salue. Voici plus d’une quarantaine d’années que le son de votre Obaka se propage à travers les contrées. Une poésie musicale qui prit très tôt partie pour des valeurs supérieures et la liberté en est la plus célèbre. La régularité d’une telle plaidoirie vous a valu le titre de « poète de la liberté ». Combien de chansons célébrant directement ou indirectement la liberté ? Considérable, Chant du coupeur d’Okoumé, Piroguier, Libérée la liberté, Lettre à Laurent Gbagbo, etc. La cause est juste, noble, déterminante. Eh oui monsieur, plus que jamais vous avez raison ! La liberté ? Vous en faites la condition primordiale lorsque nous voulons faire société. Il n’y a pas de peuple considérable sans liberté. Toutefois, parce que tout peuple est considérable… Pour ma part, sans m’écarter de vos sentiers, je considère qu’elle est, la liberté, le don le plus précieux de la Divinité Créatrice, l’Esprit sans début sans fin, qui se manifeste dès les premiers instants de la vie d’un homme. Il n’est pas encore conscient de sa sociabilité qu’il est déjà libre. Le Créateur nous fait advenir mais nous laisse le droit de préférer ses voies ou celles du désordre tant que l’on assume ledit choix.

Alerte, vous êtes de ceux dont la pensée du sensible avait saisi au matin de votre existence le danger qui se fortifiait à travers l’âge : La libertophagie. Elle, ce monstre qui ne sait pas se contenter d’une proie pendant un temps. Son appétit toujours grandissant module son envie de tout dévorer tout le temps. Elle accule de ce fait la liberté aux quatre coins du monde. Cette fille de la démesure, du désordre, du vice, aux allures de léviathan est depuis des siècles sur le sentier de la guerre contre le libre arbitre. Elle ainsi que tous ses adeptes, ses fils spirituels, ses convertis, sont lancés contre les hommes libres à travers des lois inféodées à leurs projets. Hier, elle s’infiltrait discrètement. Aujourd’hui, elle montre sa parure ténébreuse au quotidien sous une posture aussi arrogante qu’agressive.

 

Qu’est-ce que la libertophagie.

Elle est dépolitisation des masses. La bête déteste les populations agissantes, décideuses elles-mêmes des orientations que doivent suivre les nations. C’est pourquoi ses disciples ont toujours travaillé à éloigner le plus grand nombre des sphères décisionnelles. Ces trompeurs ont capté le pouvoir à la communauté pour l’utiliser en petit groupe. Pour ce faire, les plus courageux sont des dictatures résolues à l’usage des armes pour soumettre des pays entiers, emprisonner les consciences. Les fourbes, tout aussi dangereux, ont trouvé refuge dans la « fausse démocratie ». Oui « poète de la liberté », cette caste prétend diriger par la démocratie alors qu’en réalité elle la hait au plus profond d’elle. D’ailleurs, François Dupuis-Deri [1] l’a bien montré. La lignée d’égoïstes, élitistes, se pensant au-dessus de tout le monde, a sournoisement changé le sens du mot démocratie. Ce n’est plus la participation du peuple à des décisions qui concernent un pays. Voter c’est choisir des hommes qui prendront des décisions pour tout le monde. Et très souvent, ces élus sont au service des hommes fortunés amoureux de l’argent, des religions obscures et corrompues, acquis au monstre libertophage. Et parce qu’ils veulent rester les maîtres, ces derniers pratiquent la reproduction sociale. Ce qui explique que les mêmes familles campent au pouvoir, les mêmes partis politiques dirigent. Et si un homme arrive aux affaires avec l’intention de se plier aux besoins des populations, les libertophages le neutralisent par des combines. Pascal Lissouba a été poussé à la porte après que son pouvoir se vit fragilisé : fonds gelés. Il peut s’estimer heureux. Les moins chanceux sont tués ! C’est le triste sort de Thomas Sankara. Ils ont tué ce type. Ils ont tué Patrice-Emery Lumumba… La liste est longue.

Les faux démocrates n’aiment pas les référendums. Quand ils les organisent et que l’issue n’est pas à leur avantage, éhontément, ils le recommencent. Ils truquent les élections et créent des institutions sans rechercher l’assentiment des masses ; l’Union Africaine et le F.M.I en sont exemples ! Théophile Obenga querellait ces organismes en questionnant leur utilité.

La dépolitisation c’est aussi décourager les individus de la politique. La vraie et non celle qui se résume à voter pour des gens qui ne sont que pour eux. La vraie politique revient à participer à la vie en société en prenant la parole, en faisant valoir ses choix. Or, résignés, beaucoup baissent les bras. Ils laissent les enfants de la bête dévorer la liberté ; leur liberté.

 

Elle est manipulation par la fausse parole. Monsieur « le poète de la liberté ». Connaissez-vous Armand Robin ? Je lui emprunte la notion concrète de « fausse parole ». La libertophagie mène une guerre contre les cerveaux, contre les têtes qui fabriquent la pensée. La bête, ses fils, ses disciples veulent que nous soyons des moutons socialisés à répondre oui à tout. Alors pour cela, ils distillent de fausses informations à travers des médias, des livres, des programmes éducatifs, etc. Tout cela dans un seul but : contrôler votre manière de penser, orienter nos choix à leur gré. Noam Chomsky et Edward Herman parlent de la fabrique du consentement[2]. Nul besoin de connaître le sexe d’un ange pour constater comment des radios et des télévisions sont acquises à l’idéologie dominante. Ils matraquent l’opinion d’informations biaisées, d’inventions sans tête ni queue juste pour influencer le public. La répétition est peut-être la mère des sciences. Cependant, ne perdons pas de vue qu’elle est la possible belle-mère de la domination mentale : tout dépend de son époux. Monsieur « le poète de la liberté » … J’ai vu des gens opposés à la torture apprécier que l’on torture des gens. Aux Etats-Unis, on voit des citoyens qui crient aux droits humains soutenir une prison illégale aux pratiques barbares comme Guantanamo. D’abord secrète, puis découverte, elle fut décriée pour son caractère infâme. Là-bas, innocents, coupables, sont livrés à des tortionnaires. Je dis innocents et coupables ! J’ai entendu des tortionnaires, des citoyens répondre que cela est nécessaire à la sécurité du pays. Suivant leur logique, lorsqu’on leur pose la situation des innocents traumatisés sans raison, ils répondent que cela est nécessaire pour la sécurité du pays. La désinformation médiatique zombifie les consciences.

Des livres mensongers contribuent aussi à voler la liberté. J’ai vécu une scène incroyable avec des connaissances françaises qui se veulent d’une gauche sociale, humaniste, etc. Le mari me fit comprendre, qu’il : « regrettait la brutalité coloniale. Il faillait à cette époque penser à une méthode adaptée pour faire entrer les Africains dans la civilisation ». J’avais à peine demandé à cet homme ce qu’il entendait par des « Africains hors civilisation » que sa femme et lui me citèrent « la langue française, l’école républicaine, l’économie moderne, l’assemblée nationale, l’église chrétienne » … Ils étaient d’un certain âge et je compris au fil de notre discussion qu’ils tenaient toutes ces bêtises racistes des livres rencontrés durant leur scolarité. J’étais partagé entre l’étonnement et la joie méprisante. J’ai finalement opté pour la démonstration contraire et argumentée parce que c’étaient des connaissances. Sinon, je suis comme Valentin Yves Mudimbé : occupé à rechercher des solutions africaines à des difficultés africaines plutôt que de prouver l’humanité des Africains[3]. Des ouvrages traversés par des contenus aussi infondés que toxiques, écrits par des spécialistes du mensonge et de la domination, des égarés, des pseudo-scientifiques. Des gens préoccupés à justifier leurs entreprises criminelles assorties d’enrichissement. Je le dis sans détours : derrière un projet humaniste fallacieux, la colonisation est une prédation économique réalisée à partir du meurtre de la liberté d’autrui. Criminalité libertophagique sévère ! Libertophagie rime donc avec perfidie, félonie. Ses fils sont entrainés à mentir, à tromper, surtout dans le but de canaliser les cerveaux vers la direction voulue. « Poète de la liberté », c’est le cas de ces journalistes-journaleux, ces éditorialistes douteux, « spécialistes de rien sur tout et de tout sur rien » présents dans les médias. Ils parlent des choses qu’ils ne maîtrisent pas. Illustration : des gens incapables de biologie sur les bancs scolaires, incapables de lire des revues médicales, de distinguer des publications douteuses des sérieuses, parlent tous les jours de virus en toute arrogance dans les médias depuis deux ans. J’ai entendu dernièrement un ancien présentateur de téléréalité, profane de toute sociologie et de toute culture statistique, reconverti en chroniqueur qui sait tout, confondre prévisions et statistiques à une heure de grande antenne. Il affirmait : « plus de 80% des lits en réanimation dans toute la France sont occupés par les non-vaccinés ». Alors que des études statistiques publiées par des institutions étatiques déclaraient « 48% de vaccinés et 52% de non-vaccinés ». Je n’y connais rien à la médecine. Toutefois, tu remarqueras toute la distance entre sa confusion délirante et la vérité. Une opération idéologique construite sur la falsification du réel et la désinformation : la fausse parole ! J’entendais les gens parmi mon entourage reprendre ce mensonge tous les jours.

Les intellectuels ? Ce mot est depuis galvaudé par ceux que Pascal Boniface nomme « Les intellectuels faussaires »[4]. Faussaire, c’est peu de le dire. Ils saturent l’espace public de mensonges ou de discours intellectuellement fragiles pour anesthésier le vrai, celui qui dit le réel. Les intellectuels faussaires ont particulièrement montré leur imposture lorsqu’il a fallu tirer les conclusions sur la Lybie. Devant le constat d’un pays dorénavant livré à l’apocalypse sociale, les enfants de la bête, professionnels du bavardage vide, ont affirmé qu’un pays en détresse politique totale reste préférable à celui qu’il était sous le règne du « méchant Kadhafi ». Ils justifient la déstabilisation intéressée d’un pays par l’assassinat de son dirigeant autoritaire. « Lybiens taisez-vous. Vous êtes prisonniers de la haute misère, mais Kadhafi n’est plus là ». Ces gens réussissent à faire croire à plusieurs personnes que la guerre, l’esclavage des Noirs, les divisions ethniques en Lybie sont un progrès. Quel talent ! Argument aussi sérieux que des extra-terrestres qui auraient construit les pyramides présentes en Afrique. Ne pouvait-on pas faire tomber le dictateur et garder le niveau de vie élevé des Lybiens ? La manipulation des masses, colonisation de l’Histoire, énoncés biaisés.

Les liberthophages travaillent à faire accepter des lois liberticides, des innovations continuellement tournées vers la violation de nos intimités. Terrible ! Ils savent tout ! Ils contrôlent tout ! J’entendais des gens se plaindre des obligations légales jugées liberticides qui veut que le secret médical soit livré à tout va. Et des journalistes-journaleux de répondre : « Nous sommes déjà espionnés par les GAFAM[5] ». Je vous laisse apprécier le contenu de la réponse. Une manière de dire : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Cela a déjà commencé, laissez-vous faire ». Imbécilité notoire.

 

Elle est économie capitaliste. Poète de la liberté… regarde comment cette pratique économique nous rend chaque jour un peu plus esclave moderne que la veille. L’esclave moderne n’a plus de chaînes physiques. Il est sous payé, bâillonné au possible, taxé d’ingrat lorsqu’il dénonce l’inhumanité de son travail. Le capitaliste est un projet libertophage qui vous donne une illusion de choix. Tu entendras les disciples du monstre chanter sur les plateaux que si vous trouvez les salaires inconséquents, vous pouvez démissionner. Des formulations toutes aussi crédibles qu’un esclavagiste qui propose à un esclave originaire d’Afrique de quitter la plantation lorsqu’aux portes se trouvent des milices racistes armées jusqu’aux dents. « Démissionnez si ce travail vous déplait » est une invite de mise à pauvreté car les capitalistes, les théoriciens du capitalisme, ont affaibli le service public : vider l’État de tout son sens, le dépouiller de son pouvoir. L’Etat devient un être incapable de subvenir aux demandes des populations parce que les élus capitalistes par fausse démocratie ont transféré ses capacités aux entreprises privées. Ces firmes propriétés des multimilliardaires eux-mêmes capitalistes. Démissionner c’est risquer le chômage, la mort sociale, l’humiliation d’une vie de misère. En réalité, le capitalisme incarcère notre personne. Nous sommes prisonniers de la pauvreté, des emplois précaires et des salaires scandaleux. Nous travaillons toujours plus longtemps, jusqu’à 62, 63, 64, 65, 66 ans ; tout dépend du pays. Et ces capitalistes élus, fils libertophages, amoureux de l’argent, vampires spoliateurs, parlent d’espérance de vie allongée. On vit plus longtemps, on devrait travailler plus longtemps. Vivre plus longtemps mais dans quel état ? Imagine un homme de 64 ans travailler sur un chantier ; une femme de 65 ans faire du nettoyage dans des hôtels… Plus le travail est mal payé plus il est dur. Je suis un enseignant. Je ne sais plus trop à quoi je sers maintenant que je réalise que l’école dans tout son arbitraire est reproductrice des inégalités sociales. Bref. Je vois des enseignants âgés, blasés, dépassés, fatigués de se tenir debout. Ils subissent le temps à parler, corriger des copies, préparer des cours, dogmatisés par des programmes étranges, truffés d’incohérences, de mensonges. Les journées deviennent longues. La crainte de ne pas avoir une retraite complète les oblige à continuer. Et surtout depuis quelques salles de classes, ils aperçoivent des ouvriers sous la neige accomplissant des tâches rudes. D’un coup, ils préfèrent leur sort.

Comble des combles… On vous oblige à célébrer, à remercier le capitaliste. Les fils de la bête vous exigeront d’être content de vivre dans un tel modèle. Sinon, ils vous diront : « Vous préférez vivre sous le communisme comme tous ces pays staliniens ? ». Argument frauduleux caractéristique des esprits libertophages nourris soit à la bêtise soit au mensonge. Ou aux deux. Les théoriciens et les idéologues libertophages fraudent et ils le savent. Ils savent que le « communisme » ne rime pas avec parti politique qui épouse des idées communistes, mais finit par céder à l’autoritarisme. Le communisme c’est tout autre chose. Je pense que nous devons consulter la littérature sérieuse sur la question pour éviter de tomber dans le piège des raccourcis des libertophages. Il faut aller à la rencontre d’un Frederic Lordon, d’un Bernard Friot[6], etc., pour constater tout son socialisme réel, un projet pour la communauté pour garantir un bien-être sans que ce soit le paradis. Il faut aller relire Karl Marx[7] et savoir adapter sa pensée puissante à notre époque. Un modèle de vie qui ressemble à nos anciennes civilisations. Tu sais mieux que moi expliquer cette sagesse ancienne puissante qui pense l’homme dans sa singularité collective. L’homme est riche lorsque les autres sont riches avec lui. Elle est Ubuntu, Ujamaa de Julius Nyerere. J’invite chacun à contempler la profondeur de ce projet en interrogeant le savoir ad hoc. Ce genre de politicité économique, les libertophages n’en veulent guère. Ils sont plutôt friands du capitalisme qui permet la domination, l’esclavagisme moderne.

 

Elle est pression et censure. L’une vient après l’autre. Les libertophages commencent régulièrement par l’usage de la pression. Ils défendent une société égoïste favorable à la domination. Ils viendront vanter le vivre ensemble, le bien-être… c’est aussi réel que l’amour du diable pour les hommes ! Et puisque leur fausse parole ne repose sur rien de concret qui puisse résister à un questionnement sérieux, ils créent un environnement régulé par une pression si forte qu’elle dévie les gens de leurs principes. Vous finissez à droite malgré une volonté de départ portée vers la gauche. Les convertis ne s’en rendent pas/plus compte car ils se sont habitués à cet environnement. Les autres sont soumis à une intense pression : intimidation, chantage affectif, menaces… Certains médias sont le théâtre de ces pratiques immondes.

Très cher « poète de la liberté », il est des émissions où des opposants à la fausse parole se retrouvent cernés des disciples de la libertophagie. Il n’a guère fini de prononcer ses positions que tout le plateau jusqu’au présentateur montre une hostilité. Il est constamment coupé, ses interventions sont noyées dans la répétition de la fausse parole. J’ai vu sur des télévisions africaines comment les journalistes adoptaient des approches très agressives à l’endroit des candidats dits d’opposition ou de leurs représentants. Ils rigolent de leur proposition, interrompent leurs explications, sont réfractaires aux évidences qu’ils présentent. La pression ! Elle devient plus évidente quand le champion, le président, très souvent pharaonique de ses mandats successifs sans résultats considérables, se tient devant. On assiste à une discussion conciliante aux frontières de la vénération.

Le chantage affectif est non seulement une corruption de la raison par l’émotion, mais aussi une puissante stratégie pour exiger le renoncement. Je regardais un échange entre citoyens israéliens. Un débat vif, très vif. Un Israélien se montrait critique par rapport à la politique des gouvernants israéliens. Nous sommes dans la crise israélo-palestinienne. Personne n’arrivait à produire un argumentaire consistant. Une jeune fille de l’auditoire prit la parole en pleure pour rappeler que sa grand-mère avait subi les abominations des nazis, ces fous furieux, et qu’elle ne comprenait pas que cet homme ne soutienne pas l’Etat israélien. Il répliqua radicalement que lui aussi regrettait la perte d’un membre de sa famille durant les folies nazies. Cependant, cela ne justifiait pas les actes du gouvernement contre les Palestiniens. Le régime nazi est une plaie pour ce monde, une usine à horreurs. Toutefois, que viennent-ils faire dans cet échange ? Tentative de pression pour déstabiliser le contradicteur en le faisant passer pour un monstre.

J’ai revu une séquence similaire en France. Une chroniqueuse devant un avocat opposé au pass vaccinal se mit à laisser transparaître un court instant des larmes, un moment d’émotion triste qui disait les difficultés rencontrées pour vacciner un membre âgé de sa famille. L’avocat retorqua qu’il n’entendait pas céder à cette injonction émotive bien qu’il comprenait la crainte de perdre un être aimé. Il était pour que les volontaires accèdent à la vaccination mais refusait qu’elle devienne une obligation voilée derrière le pass vaccinal. Ces deux exemples se sont soldés par une fermeté des contradicteurs. Ce n’est pas toujours le cas.

Lorsque l’intimidation et le chantage, qui peut prendre des formes musclées en milieu professionnel, ne fonctionnent pas. On passe à la censure. Vous perdez votre boulot, vous êtes privés de parole publique. on vous décrédibilise, vous couvre d’anathèmes, les procès s’enchaînent pour quelques-uns.

Les libertophages détestent la liberté. Ils s’en prennent à toutes les voies de sa manifestation. Ils interdisent que l’on ait des positions sur des sujets historiques et votent parfois des lois pour le sacraliser. Ils s’attaquent à la langue en redéfinissant des mots : antisémite, populiste, complotiste… Ils sont dorénavant sources de disqualification. Le populiste n’est plus celui qui inscrit le peuple au centre de son discours, c’est un démagogue qui flatte les bas instincts des personnes. Ah bon ? François Begaudeau parle de contrebandier.

 

Plus que jamais Poè/Powê.

Tu chantes Powê/Poè, figure fictive, inspirée du terroir Omyènè. Amoureux de la liberté, il voit en tout peuple considérable un bijou précieux taillé sur la pierre de la liberté. Etre de texte, inspiration de musique, il trace dans nos conscience le chemin d’une marche vers la dignité. Et nous n’avons pas le droit de nous détourner de lui au nom de notre volonté intrinsèque. Car comme disait Frantz Fanon : « Chaque génération doit dans une relative opacité découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Les miens, ceux qui chantent, écrivent, slament, actent, arrachent la parole, etc., nous avons choisi d’assumer notre sacerdoce pour honorer la Divinité Infini qui est l’Eternité. C’est pour nous une dignité de se constituer « avocat de la créature vivante » comme tu le vis inspiré par Albert Camus. L’instituteur, imparfait, grand de son amour pour la justice, pour la vérité, la liberté ! Nous venons répondre aux outrages des « petits dieux » décriés par la fiction de Chéryl Itanda[8]. Notre monde s’est effondré et notre cœur brisé en mille morceaux. Mais ce monde n’est pas l’esprit du monde de la bête mais notre legs et nous l’aimons de tous les morceaux de notre cœur brisé. Plus que jamais Poè/Powê défendant l’ouvrier, la veuve, l’orphelin, le groupe, l’homme, la femme, l’Afrique, le Monde.

A tous les Poè qui nous ont précédés. Cheikh Anta Diop[9] depuis son refus contre une condition captive par l’histoire, par l’économie, par la culture. Ruben Um Nyobe et la fraternité upéciste. Ces hommes voués à la liberté des leurs. Ils auront lutté pour que nous sachions apprécier le goût de vivre en terre dé-chaînée. Et la liste est longue. Ngugi wa Thiongo[10] nous avertissait d’une urgence : décoloniser nos esprits. Poè parce que sorti de la colonisation des dominants qui violent nos imaginaires ; c’est Aminata Traoré[11] qui me le disait avec ses belles pages.

Powê plus que jamais !

H-W Otata

[1]             Démocratie : Histoire politique d’un mot aux Etats-Unis et en France.

[2]             Fabriquer un consentement : La gestion politique des médias de masse.

[3]             L’Odeur du Père. Essai sur des limites de la science et de la vie en Afrique noire.

[4]             Les intellectuels faussaires.

[5]Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft.

[6]             En travail. Conversation sur le communisme.

[7]             Le Capital.

[8] Sos Motem, Dacres.

[9] Nations nègres et culture

[10] Décoloniser l’esprit.

[11]            Le Viol de l’imaginaire.

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