AOÛT-RAGES

Outrage au chef de l’État
atteinte à la sûreté de l’Etat
et incitation à la révolte

Au nom du pacte social rompu
au gré des égoïsmes meurtriers
et des arrangements putassiers
au nom de cette vie désormais régie
à la faculté à disposer des armes
que s’octroie la minorité dominante
j’en appelle à tous les outrages
j’en appelle à toutes les atteintes

Au nom de ce socle de l’en-commun qui ne tient plus
en une loi fondamentale
mais obéit au doigt et à l’œil des fondamentalistes
l’incitation à la révolte gagne en légitimité

Outrage au chef de l’État
atteinte à la sûreté de l’Etat
et incitation à la révolte

J’en appelle aux vertus des arts iconoclastes
la dextérité du peintre pour une fresque des horreurs présidentielles
pour figurer cette parenthèse figées des hontes

À toi le caricaturiste
voici le laideron aliboron
qui usurpe la conduite de notre destinée commune
arroge-toi ce malin plaisir
de crayonner son portrait d’épouvante
trimballé de foires en kermesses
faisant admirer le diktat de sa face de tarentule

À toi le sculpteur
rabote pour nous un kevazingo
pour une statue
sur la voix publique
dévoilant l’obèse nudité du chefaillon
avec un ergot en guise de queue

Outrageons-le suffisamment
pour que l’outrage
soit pour nous un moment récréatif
outrageons-le à n’en plus finir
pour que sa prison jamais ne désemplisse

hé toi le président
voici mon troisième doigt
le plus long dressé devant
l’horreur de ton excellente médiocrité

Ce n’est pas une injure
mais une réponse à ton parjure
à ces soleils de conjoncture
et ces politiques de la conjecture

cinq décennies de ton régime
c’est cinquante années
d’un feuilleton sorcier
d’un calendrier mensonger
et des saisons déréglées
des mœurs dérégulées
des mensonges exaltés
des probités insultées

cinq décennies de ton pouvoir
c’est un demi-siècle de larmes
qui ont poussé à la crue
le fleuve tranquille
de nos légitimes espérances

du grand camarade et sa camaraderie
au distingué camarade et sa coterie
le même goût insolent de la rapine
et la même morale qui clopine
et la même mort râle et tapine
le long des trottoirs où jeunesse butine
la même spoliation rentière
la même pollution des lacs et rivières

Partout la mémoire mutine
refuse d’oublier ce demi-siècle de ratonnades
la cavalcade des meurtrières escouades
la cavale des émeutiers en débandade
assaillis de rafales et d’ordres macabres

Outrage au chef de l’État
atteinte à la sûreté de l’Etat
et incitation à la révolte.

Trois accusations pour cadenasser
trois accusations sentencieuses
trois accusations fallacieuses
trois accusations pour tabasser
pour prêter nos flancs
aux triques et autres matraques
de ces flics aux cerveaux patraques
et leurs matraques qui détraquent
le cours normal des rêves en vrac
qui se heurtent aux scrutins « perdus » ric-rac

Cinq décennies de ton pouvoir
c’est la grossièreté faite homme
trônant hideusement sur le murs qui reprouvent l’illégitimité
c’est ton embonpoint de hibou en boubou jetée à nos regards
ainsi qu’aux innocents gamins
contraints de souffrir ta beauté de dinde en peinture
c’est ta chevelure honteusement torsadée
c’est ta démagogie flasque
et tes mamelles d’anguille vorace
qui calcinent nos sommeils
en distribuant la cigüe en lait trompeur

Et j’en appelle à une vaste insulte
pour ces septennats honteux
pour ces trucages qui laissent nos âmes sur les trottoirs
pour ces cicatrices historiques
rouvertes au gré des fantaisies de vos promotions
pour ces divertissements dilatoires
et ces mécaniques ostentatoires
jetés au regard de nos misères et déboires
pour la procrastination débonnaire
et l’avalanche des farces et projets farfelus

La vaste insulte encaissée par nos vies évidées
réduites en blattes populaires par vous dédaignées
ce sont cinq décennies de ruine organisée
alors qu’un héritage doré
laissait présager d’un DEMAIN parsemé de riches semailles

Le Jour sublime monte
avec lui il y a Nous
le soleil a rendu son éblouissante lucidité
hissés à équidistance du sommet de vos hontes
et sortant de la caverneuse cécité
les Nôtres peuvent désormais contempler
ce mont de barbarie
ce monument des horreurs
où crient silencieusement
ceux qui ont cru en un JOUR encore imperceptible
où la lumière est un bien commun

Outrage au chef de l’État
atteinte à la sûreté de l’Etat
et incitation à la révolte.

Quand la faim supplante la conscience
quand l’inconscience s’associe à la folie
quand l’impudeur se joint au déshonneur
quand mains et pieds liés l’ignoble se love d’opprobre
tous les outrages s’enracinent

Et nous voici peuple solitaire
dans la pénombre des indifférents
les démocraties mafieuses
guidant désormais nos colères
et les bons sentiments ne sont que naïves blagues
démocratie de la drague
démocratie de la drogue
censurant jusqu’aux blogs
pour le beaux yeux du tyran vipère à tête de dogue
face à l’étranglement de dague
notre pacte rompu telle la digue
enlisant nos vies comme de viles figues
et tous ces mandats que tu brigues
te sont refusés
et ce depuis cette ruée ex nihilo
toi et ton engeance
et c’est un peu l’histoire de ta bêtise…

Outrage au chef de l’État
atteinte à la sûreté de l’Etat
et incitation à la révolte.

Trois manières de dilapider le fond
trois manières d’énoncer l’enfer des fers
faire taire le ciel
afin que ne coule le Lait premier
et le Miel de la parole libérée
reçois nos créances
elles sont en lettres de sang
en monnaie de singe
et en cris étouffés par peur d’être strangulés
la seule doléance est que tu trouves bâtonnier
comme chaussure à ton pied d’argile
un long procès même posthume
se fomente dans le secret de nos consciences

Nous voici dressant quolibets à ton cortège
et tressant des lauriers de honte
au fronton du pays vos noms glaireux
enténèbrent la Cité des songes usurpant les noms glorieux
à l’entame du coryphée aux stridulations zélotes
de fausses et sottes dévotes qui sautent et sursautent
pour saisir au vol la carotte
en prime le sourire forcené et frénétique d’une marotte
Nous ne serons pas de ceux-là

Cinq décennies de ton pouvoir
c’est un demi-siècle d’une cour de poltrons
laudateurs épileptiques comme des mouches à l’assaut de l’étron
entretien de la fable
des châteaux de sable
et le fiasco ineffable
vendant des salades avec une assurance affable

Bounguili Le Presquegrand

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