Vieux continent clochard (À D. Diop et R. Depestre)
Ô riche continent à l’apogée désormais ruiné
Chancelant au rythme de l’histoire et ses marées
Toi qui égrenais des sabliers de diamant et le béton d’or armé
Dans la patience rugissante du sang de ton peuple écrasé
Suintant dans l’insatiable meule de la misère de ta terre écorchée
Fertile savane aux épopées en ruine
Aux végétations asservies
Et religieusement châtiées
Grandissant à la candeur des fouets
Sous les razzias matinales de violentes rosées
Sur les chemins épicés et les sentiers calcinés
Par les fourneaux cupides qui brûlaient la chair de ta pierre
Quand le blanc mercure arrachait l’or de ton sol noir
Pour redorer la pâleur inhumaine des champs de coton
Tambours d’antan ôtés à la sueur de ton ventre
Rythmiques étrangères psalmodiées des entrailles de vaisseaux négriers
Des mers ont jadis poussé les souffrantes béatitudes de tes enfants
Jusqu’au relai de la servitude des tam-tams indiens
Retire tes marées mendiantes des chemins de leurs mouroirs
Revêts-toi du manteau de la dignité de l’homme noir
Et même des mers déchaînées ne pourront écraser les parchemins de ton histoire !
« Le poète au bord du fleuve »