20 ans plus tard, le RAP Gabonais , retrouve un projet du niveau de L’Afrikain en terme de qualité et de rigueur artistique.

Fantôme avec chauffeur de BENJAMINS EPPS a été très bien pensé. Vous devriez l’écouter. Il est magnifique en termes de beats, de coloration, son style rétro, les techniques et les lyrics. J’adore pour ma part, les références qu’utilise BENJAMIN EPPS…

Morceau choisi:

La référence ici vous projette directement dans les années 80’s, sur un discours de Jacques Chirac leader du RPR à l’époque, où il traitait de la question de l’immigration en ces termes:

… le travailleur français… qui voit sur le pas de palier à côté de son HLM, entassée, une famille. Avec le père de famille avec 3 ou 4 épouses et une vingtaine de gosses, et qui gagne 50 milles francs de prestation sociale, sans naturellement travailler. Si vous ajoutez à cela, le bruit et l’odeur, et bien, le travailleur français sur le palier, il devient fou…

En filigrane on comprend bien que le Père Chirac montre du doigt l’immigré qui viendrait  profiter, sans contribuer, sur le dos des français « de souche» de tous les avantages qui auraient dû être les leurs.

Et pour bien montrer qu’il est en phase avec cette France de droite bienveillante mais un peu raciste sur les bords, le Père Chirac tacle en parlant du bruit et de l’odeur.  Entendez par là que l’immigré est nuisible, ils ne s’intègre pas etc.

La référence est bien trouvée dans ces lyriques de EPPS. Elle apparaît dans le premier titre Notorious qui est un hommage à BIG et aussi un ego trip où le rappeur impose sa présence dans le game du RAP français. Désormais, il est le king! «C’est un putsch, il est le nouveau régime »

Il fait comprendre qu’il prend possession du trône. Et parce qu’il prend possession du trône, il va s’arroger tout les avantages liés et en plus de ça le reste des rappeurs va devoir le supporter tel qu’il est.

Bref. Vous avez des références comme celle-là qui font aimer un texte RAP. On y trouve plusieurs niveaux de lectures qui par leurs forces evocation ne vous enferme pas dans le titre seul avec juste son beat et le texte qui tourne autour de lui-même.

Un bon texte au-delà de sa technique, traite certes du sujets pour lequel il est écrit mais doit être capable de repousser la ligne d’horizon pour permettre celui qui écoute de tutoyer des ailleurs autres que lui. Dans un bon Il y a donc , ce qu’on entend et ce que ça évoque. On écoute, on voyage, on s’inspire.

Larry ESSOUMA