Tita Nzebi: un nouvel album en présentation live le 6 Avril 2019

Bonjour Tita Nzebi. S’il fallait te présenter à ceux qui ne te connaissent pas encore que dirais-tu ? 

Bonjour à tous. Pour ceux qui ne me connaissent pas encore je m’appelle Tita Nzebi, je suis artiste chanteuse, de nationalité franco -gabonaise, je vis en France depuis 20 ans.

2018 s’achève quel bilan fais-tu de cette année ?

Je n’ai pas de bilan particulier à faire. C’est juste une année de plus qui s’est écoulée dans ma vie avec ses hauts et ses bas. Je suis maintenant curieuse de voir comment sera l’année 2019.

Tu as récemment annoncé la sortie d’un nouvel album pour 2019, de quoi traite cet Album ?

J’ai en effet un album qui va sortir très bientôt. Le 6 avril je serai sur la scène du Café de la danse à Paris pour sa présentation live.

3 titres de cet album traitent de la situation du Gabon dont « Dictature inavouée » que beaucoup connaissent déjà. Il y a un titre en hommage aux mamans. J’ai voulu parler de cette maternité multiple en Afrique dans le sens où un enfant n’est pas uniquement l’enfant de la femme qui lui a donné la vie mais aussi celui des sœurs de cette femme et parfois bien au-delà. Il y a une chanson sur le mariage, une autre sur la nécessité de respecter les gens peu importe leur condition, des titres qui traitent de notre responsabilité individuelle dans nos parcours de vie etc.

Pourquoi avoir choisi ce moment ?

Je n’ai pas précisément choisi un moment pour le sortir. Les choses se sont faites comme ça, sans aucun calcul au préalable. J’aime beaucoup laisser les choses se faire comme elles doivent se faire et quand elles se sentent de le faire. A priori, cet album a décidé qu’il était temps pour lui de sortir. Je le laisse donc sortir.

Qu’est-ce qui le différenciera du précédent ?  

Tout de suite j’ai envie de dire l’équipe qui a travaillé à sa réalisation. En dehors de Sec Bidens, Jimmy Mbonda et moi qui avons travaillé sur tous mes enregistrements, toutes les autres personnes qui ont travaillé sur cet album collaboraient pour la première avec moi sur un tel projet.

Puis, mon premier album a été enregistré entre la France et le Gabon. Celui-ci a été enregistré entre la France et l’Inde.

On t’a beaucoup vu dans les mouvements de la résistance pourquoi ce choix ?

Et on risque encore de beaucoup me voir dans les mouvements de résistance en 2019 car ceux qui pillent le Gabon font eux aussi de la résistance et je les comprends. Le Gabon est très juteux pour eux, ils ne peuvent donc pas si facilement lâcher une telle proie. À leur place j’agirais probablement de la sorte.

Pourquoi ce choix ?  Parce que je n’ai pas d’autre choix. Je résiste contre ceux qui ont décidé de laisser des miettes aux Gabonais depuis plus de 20 ans. Je crois avoir posé mon premier acte de résistance au milieu des années 1990 quand je pris la décision de ne plus continuer à étudier à l’université Omar Bongo de Libreville et de partir pour la France.

J’étais alors inscrite en faculté de droit et le taux d’échec était très élevé. Ce n’était pas tant mon échec à moi qui me révoltait mais le fait de constater que nos échecs étaient entretenus par un système qui ne faisait rien pour que les étudiants gabonais apprennent dans de meilleures conditions.

L’un de mes grands frères m’avait exhortée à m’inscrire dans un autre département m’expliquant que lui aussi avait dû changer d’orientation comme de nombreux autres étudiants Gabonais ; que comme tous les autres il avait fini par réussir dans son nouveau département. Il avait raison en effet. Son exemple et celui de beaucoup d’autres démontraient qu’on pouvait en effet renoncer à ses premiers rêves d’étudiant et réussir ailleurs. Mais cela résonnait en moi comme une injustice surtout dans un pays comme le Gabon qui a suffisamment de moyens pour offrir le meilleur à sa jeunesse.

Par respect pour les efforts déployés par mon grand frère je m’inscrivis dans un nouveau département mais c’est tout ce que je pouvais faire pour lui. Je ne m’y suis jamais rendue, pourtant régulièrement inscrite. Je ne sais même pas dans quelle salle de l’UOB ces cours avaient lieu. C’était plus fort que moi. Je ne pouvais pas aller à ces cours. Le faire c’était pour moi courber l’échine face à ce régime qui nous imposait cela. Pendant un an je ne mis donc pas mes pieds à l’université Omar Bongo et je préparai mon arrivée en France.

Mon deuxième acte concret de résistance était lié à la bourse de l’Etat Gabonais. La première année j’étais venue sans bourse. La deuxième année, vu que mes résultats étaient bons, je pus l’obtenir. La 3e année j’avais encore de bons résultats et mon nom était naturellement sur les états de bourse mais curieusement elle ne m’était pas versée. Mon frère, toujours le même, après plusieurs relances auprès des bourses et stages, envisagea de voir des personnes qu’il connaissait afin que mon problème soit résolu. Je le priai respectueusement de ne pas entamer cette démarche car je n’acceptais pas le fait qu’on soit obligé de déranger, de supplier des gens pour obtenir ce qui nous revenait de droit dans notre propre pays.” Laisse tomber, qu’ils gardent leur bourse. Je vais me débrouiller “, lui avais-je retorqué.

Je suis donc allé au bout de mes études universitaires en alliant études et boulot.

En 2009 j’étais dans les manifestations devant l’ambassade du Gabon en France etc.

Je n’accepte pas qu’on traite les gens de façon odieuse alors je le fais savoir. Ce mouvement de résistance des Gabonais me permet d’exprimer les idées qui sont les miennes aux côtés d’autres personnes. Ce mouvement dans la diaspora n’est qu’une partie visible de la lutte que de nombreux compatriotes mènent aujourd’hui pour leur dignité.

Comment va ce mouvement à ce jour ?

D’abord je suis agréablement surprise de constater que deux ans après il continue. Avec beaucoup moins de monde dans les rassemblements certes. Mais il continue. J’ai l’impression qu’il n’est pas près de s’arrêter. Mais s’il s’arrête sous sa forme actuelle, il continuera sous d’autres formes. Gardons toujours à l’esprit que la résistance face au système Bongo PDG n’a pas commencé avec nous. Ça fait au moins 40 ans que des Gabonais résistent face à cette oppression. Si donc notre génération ne parvient pas à faire tomber ce système, cette lutte continuera, j’en suis certaine.

Quelle place à la musique dans ce mouvement ?

Je considère que les citoyens gabonais, sont d’abord des citoyens peu importe leur domaine. Parmi l’ensemble des citoyens de notre pays il y en a qui se sont indignés face à cette mascarade électorale de plus d’août 2016 et aux massacres qui ont suivi, d’autres ont détourné le regard et certains soutiennent le régime en place.

Ces différentes catégories de citoyens gabonais se retrouvent dans tous les corps de métiers dont la musique. Je pense que le musique n’a pas un rôle en tant que musique. Ce sont les artistes qui personnellement se sentent concernés par la situation de notre pays, qui donneront à leur musique ou autres œuvres de l’esprit un rôle dans ce mouvement de résistance.

Il ne faut pas s’attendre à ce que la musique gabonaise dans son ensemble joue un rôle dans ce mouvement. Ce sera à chacun de le faire ou non en fonction de sa conscience, de ses principes, de ses aspirations et de ses intérêts.

Une nouvelle année pour le Gabon quels sont tes vœux ? 

Je n’arrive pas à formuler des vœux cette année pour le Gabon. L’année 2016 je pensais qu’on avait atteint le summum de l’horreur avec l’attaque du QG de Monsieur Jean Ping et toutes les tueries des jours suivants. Je ne pensais pas que des Gabonais pouvaient avoir des comportements aussi désinvoltes face à une telle horreur vécue par leurs compatriotes. Pourtant si. Je me disais qu’après ça on allait tous dire stop, plus jamais ça dans notre pays ! Malheureusement, ce pays continue à être souillé du fait de ses propres enfants. Je n’ai aucun pouvoir pour arrêter tout ça. Alors je regarde, me demandant jusqu’où tout ça va mener le Gabon ?

Donc non, je n’ai aucun vœu à formuler pour le Gabon, il sera vain. Je suis juste curieuse de savoir comment sera le Gabon en décembre 2019. Qui vivra saura…

As-tu un message particulier à lancer ?

Je vais me tourner sur ce que je prépare au public actuellement dans la réponse à cette question. Je serai en concert le samedi 6 avril 2019 au Café de la danse à Paris. Ce sera un immense honneur et un plaisir pour moi de vous compter nombreux. Les billets sont déjà disponibles sur les sites de ventes tels la Fnac.

Merci Tita Nzebi pour cet échange et nous te souhaitons le meilleur.

Merci à vous de m’avoir ouvert cette belle tribune et longue vie à vous.

Propos recueillis par Mapupa

crédit photo: Servyn Ona

Pour vos tickets et réservations, suivre le lien http://www.cafedeladanse.com/tita-nzebi/

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