Adresse aux forces armées gabonaises

 

 « L’armée ne doit peut-être pas se mêler de politique, mais la politique en Afrique dépend toujours de l’armée »[1] . La politique dépend toujours de la capacité qu’a l’armée à rester loyale à son drapeau, à sa constitution, mais plus encore, au peuple dont ceux-ci sont les émanations.

C’est ce peuple qui prend la parole pour s’adresser à vous patriotes de nos forces de sécurité et de défense.

Nous sommes au bord d’une tempête dont les bourrasques annonciatrices se font de plus en plus insistantes, et qui, si elle se déploie dans sa pleine ampleur, risque de laisser sur les mémoires et sur les consciences une cicatrice si profonde qu’elle défigurerait à jamais le nom Gabon.

Une horde de vandales vivant de rapines et de saccages s’impose au sommet de l’Etat et érige en mode de gouvernance, les extrémités les plus périlleuses dont le projet ultime est une succession monarchique programmée à la tête de la république, violant une fois de plus, une fois de trop, nos droits imprescriptibles et notre fierté.

Regardez, la crise s’est généralisée. Elle n’est plus que politique, mais aussi économique, sociale, culturelle, et spirituelle. Elle n’épargne aucune fraction du peuple. Elle se ressent chaque jour dans les mots des uns et des autres, dans l’enchaînement des sinistres qui ont occupé l’actualité récente du pays. C’est encore elle qu’on aperçoit dans le feuilleton politico-financier au plus haut sommet de l’Etat, dans le délitement de notre jeunesse, dans la misère qui s’amplifie et qui marque les corps comme elle marque les mœurs.

L’armée républicaine ne doit plus détourner le regard et feindre de ne pas être au fait de ce qui se passe autour d’elle. La situation est plus que grave et exige de chacun une prise de responsabilité franche.

Nous sommes gabonais de naissance et gabonais d’adoption, nous sommes le peuple debout qui vous regarde de toutes les provinces, de toutes les villes, des tous villages, des quartiers d’où nous nous débattons à essayer de joindre les deux bouts et d’où part cette rumeur, cette grogne, ce mécontentement qui petit à petit enfle par fraction de ton et deviendra bientôt, si rien n’est fait, un tumulte si envahissant qu’il taira les voix qui jusqu’à présent ne cessent d’appeler à la paix, au respect des libertés de chacun, à la préservation du vivre-ensemble, et ce qui les englobe tous, à la préservation de l’intégrité de ce beau pays par les ancêtres légué.

Le Gabon, ce sont ses cours d’eaux, l’Ogooué, son artère principale, la Ngounié, la Nyanga sanctuaires des génies de nos eaux, le Woleu-Ntem, l’Ivindo, la Lolo qui l’irriguent pour le nourrir du travail et des chants qu’entonne son peuple fervent.

Le Gabon, c’est sa forêt, notre racine, notre grenier, notre pharmacie, l’écrin où sont gardés nos mystères ancestraux.

Le Gabon, c’est son drapeau, son hymne La CONCORDE, qui vibre de tous nos espoirs.

Le Gabon c’est aussi son histoire, nos pères et nos mères qui du mieux qu’ils ont pu, ont travaillé pour nous léguer en héritage un pays, une terre pleine de promesses radieuses.

Le Gabon ce sont ses enfants (l’avenir), qui nous regardent et qui dans leur innocence ne saisissent pas peut-être la menace imminente qui en veut à leurs sourires, nos soleils, nos firmaments.

Le Gabon c’est vous hommes et femmes de l’armée gabonaise républicaine à qui la gravité du moment exige que vous vous rangiez aux côtés du peuple qui dans sa majorité demande que cesse ce cirque indigne et que soit restaurés les principes démocratiques et républicains, conditions essentielles de la PAIX.

On ne vit qu’une fois, alors vivons LIBRES.

Par Larry Essouma

@crédit photo: Portail des forces armées gabonaises/Google

[1] Mobutu Sese Seko Juillet 1964

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