Linda Bongo, égérie des intellectuels low cost

 Elle vole au secours de la veuve et de l’orphelin spoliés, elle pousse de cris d’orfraie, elle s’ébroue devant les plateaux télé pour expliquer le droit, elle conseille les couples et va en guerre contre les personnes en surpoids vantant au passage sa silhouette “parfaite”, elle s’escrime à l’écriture et donc il ne faudra pas être surpris qu’elle publie des livres. Hercule Souala n’a qu’à bien se tenir.

En somme Linda Bongo, puisqu’il s’agit d’elle, est sur tous les fronts. La morale en bandoulière, le statut de magistrat en étendard, c’est en preux chevalier de la société que la fille du défunt despote Omar de Léwaï apparaît à travers tous les canaux. On verse quasiment une larme, on la prend en sympathie tellement elle veut passer pour la coqueluche rebelle de la famille. Or elle peine à nous faire oublier qu’elle est le pur produit d’un régime forgé, ne l’oublions pas, dans la rapine, la confiscation, le népotisme, la spoliation. Liste non exhaustive.

Ses numéros d’illusionniste nous feraient presque oublier son spectacle d’effeuillage auquel elle s’était livrée, en mondovision, démontrant ce qu’elle croyait être des atouts de charmes. La Kim Kardashian du pauvre. Si tous les chemins mènent à Rome il faut croire que toutes les sex tape ne conduisent pas à Kanye West. Au Crazy Horse on voit meilleur spectacle. Par contre, au Bois de Boulogne parisien, ce numéro de charme aurait toute sa place.

Jadis, quand un magistrat prenait la parole, on était conquis, subjugué par l’éloquence notamment. Mais avec Linda Bongo, on a affaire à l’archétype de « la plèbe d’en haut » (E. Todd). En dehors de sa blésité excusable où la lettre X lui semble imprononçable, la juge au maquillage à faire pâlir d’envie la chanteuse Cher, se plaît à citer des références avec les approximations les plus blâmables. Le genre d’errements que seuls commettent ceux qui ne citent des auteurs et des œuvres qu’ils n’ont pas lus. Ou encore des citations glanées au hasard d’un clic sur un moteur de recherche pour citations prêt-à-penser. Lâchée à tout va, Linda Bongo a, semble-t-il, fait des problèmes des Gabonais un sacerdoce. Mais telle une jument à Vincennes, elle préfère cavaler vers lesdits problèmes sociaux avec le sensationnalisme qui va avec, préférant se coudre sa bouche-ventouse de fil blanc quand la pratique de l’injustice est à son comble: les arrestations arbitraires, les décisions de justice iniques, les ratonnades, les intimidations et les bricolages constitutionnels, elle n’en dit rien. Évidemment, elle n’en dira rien. Fidèle aux prérogatives d’un nom, adossée aux privilèges d’une famille et avouant son indéfectible amour pour un frère faussaire et vil dictateur frappé depuis d’une veulerie mortifère. Veulerie qui réduit désormais l’actualité du pays à un triste et honteux vaudeville institutionnel.

Les agitations de cette dame ne sont que l’image d’une frange d’intellectuels low cost qui se complaisent dans la fange de leurs conforts égotiques et dont l’électroencéphalogramme indique une inquiétante et désolante platitude : incapables d’une quelconque révolte. Faudra vérifier le pouls. Ceux-là qui apportent une caution morale à un système assis sur la violence et les cadavres en putréfaction. Mais le pire est que Linda Bongo est habitée par une audace hallucinée nourrie de la croyance en son intelligence supérieure sinon prométhéenne. Mais il faut la prévenir : les lucioles sont plus éclairantes. Aussi tout cela est bien le nom d’un spectacle comique et laid. Alors qu’on se rassure, Linda Bongo n’est pas de la noblesse insultée de l’Albatros baudelairien. Ce n’est pas une poétesse. Mais une Jeanne d’Arc tropicale d’une pâleur innommée. Comique parce que le pays est désormais traversé de ces personnages de basse intensité intellectuelle. Laid parce qu’au-delà d’un physique à vous rendre apathique, Linda Bongo se fait l’égérie d’une moralité nationale où la figure du juge n’est plus que l’antithèse de lui-même : partout sauf du côté de la justice. Partout sauf du côté de la morale et de bon sens. Linda Bongo aura beau s’échiner à vouloir revendiquer tous les talents, à se pomponner le minois à coup de tonnes de fards, tout cela n’en restera pas moins comique et laid. Et c’est peu dire.

Bounguili Le Presque Grand

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